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Le parcours inspirant de Gédéon, des camps de réfugiés du Cameroun jusqu'à la Sorbonne.

15 mars 2024  |  Source: UNHCR
Category: Articles

Le nombre de réfugiés centrafricains au Cameroun est évalué à 332 000, et Gédéon, 31 ans, a longtemps été compté parmi eux. Baccalauréat en poche, il prépare sa rentrée universitaire en 2012 mais la deuxième guerre civile éclate en République centrafricaine, à partir de décembre. Le gouvernement et ses opposants politico-militaires s’affrontent et les violences qui s’en suivent contraignent des centaines de milliers de centrafricains à la fuite. 

« J'habitais le quartier PK5 à l'époque. Pendant le premier coup d'État qui a vu Michel Djotodia devenir président, mon quartier, majoritairement musulman, était le point de départ d’individus qui commettaient des exactions dans d'autres quartiers. », explique Gédéon. 

La maison qu’il habite avec sa famille est vite détruite, il perd des ‘grands frères’, des amis d’enfance qui certains ont rejoint la rébellion et ses rêves de footballeur. Pire, il ne se sent plus en sécurité. « Je craignais que si la situation venait à se retourner, nous chrétiens soyons pris pour cible. Je sentais que ma vie serait en danger si quelque chose tournait mal dans le quartier. Toutes ces raisons m'ont poussé à quitter le pays. », ajoute le jeune homme. 

Il entame alors un long périple vers le Cameroun ou il reprend sa vie a zéro. Gédéon entre par l’Est du Cameroun en bus et arrive par Garoua-Boulai, passe par le camp de Nandoungue puis est relocalisé vers celui de Guiwa-Yangamo à quelques kilomètres de la ville de Bertoua à 350 km de Yaoundé. 

« Pour survivre, dans le camp, je faisais des travaux champêtres en journée et le soir je gérais une salle de jeux vidéo pour le compte d’un monsieur dans un village proche, avant de rentrer dormir. Nous étions un peu loin de ville, et aller y chercher du travail était difficile. », souligne Gédéon qui compte aussi sur la ration alimentaire du HCR chaque fin de mois.   

Elle est constituée d’huile, de riz, de sardine, et de sel en plus de savons, de couvertures et de nattes pour dormir. Malgré les conditions de vies difficiles au camp de réfugiés de Guiwa-Yangamo, il dit ne pas perdre espoir, c’est alors qu’il entend parler du programme DAFI, l’Initiative Académique Allemande « Albert Einstein » pour les réfugiés. 

Pour bénéficier de cette bourse, il faut passer un concours et être sélectionné parmi les meilleurs étudiants pour faire des études supérieures dans leur pays d’accueil. 

« J’ai été sélectionné parmi plus de 300 candidats pour partir à l’université à Yaoundé. Grâce à la bourse DAFI, j’ai pu poursuivre mes études supérieures jusqu’à obtenir ma licence professionnelle en Gestion des Ressources Humaines, j’ai ensuite fait des stages avant de travailler dans un Cabinet en Conseils RH au Cameroun. ». 

D’autres portes s’ouvrent ensuite pour Gédéon, notamment à travers le programme de couloir universitaire UNIV’R, dont il est bénéficiaire depuis 2023, et qui lui permet de poursuivre ses études de Master a l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Le jeune homme dit être en train d'y acquérir de précieuses expériences avant de pouvoir retourner dans son pays, afin de travailler avec les autorités pour que la jeunesse contribue au développement de la Centrafrique. 

Une autre de ses principales motivations est de remédier à ce qu’il décrit comme un manque de repères, de modèles et d'activités adéquates, pour les enfants vulnérables exposés aux manipulations et aux enrôlements dans des mouvements rebelles. En attendant de réaliser ces projets, Gédéon rappelle l'importance d'offrir des opportunités de formation socio-professionnelle adaptées comme le fait le HCR en favorisant les solutions durables, aux problèmes des réfugiés. 

Son parcours inspirant est aussi un appel à créer un environnement propice à leur autonomie, tout en les encourageant à rester résilients face à l'adversité. « Il est très important pour tous ceux qui ont vécu des moments difficiles de conflits armés et qui par la suite ont réussi à surpasser tout cela puisse retourner contribuer au changement de mentalité des plus jeunes afin d’éviter aux générations futures de vivre la même chose que nous. », estime Gédéon.

Ces mots inspirants sont directement en ligne avec les objectifs de la Plateforme de soutien aux solutions en RCA, qui a été lancée en octobre 2023 à Bangui avec le soutien de la Direction des partenariats internationaux de l'Union européenne (DG INTPA). Grâce à ce mécanisme de coordination, la RCA et les pays d'asile pour les réfugiés centrafricains ont produit des plans d'action nationaux pour fournir des solutions à ces réfugiés et aux personnes déplacées à l'intérieur du pays. 2024 sera l'année des solutions concrètes pour eux avec le leadership des gouvernements signataires de la Déclaration de Yaoundé et un soutien fort de la Plateforme et du groupe des partenaires d’appui.